Études et handicap: les personnes concernées en appellent à un vrai dialogue!

Trois lettres ouvertes, des articles de presse critiques et une vague d’indignation parmi les personnes en situation de handicap: telles ont été les réactions suite à la publication dans le journal des étudiants de Zurich d’un entretien avec le recteur de l’Université de Zurich, Michael Schaepman (voir notre compte rendu dans la Newsletter du mois de novembre 2023 sous les liens). Lors de cet entretien, le recteur a employé le terme de «compensation des avantages» pour désigner une compensation apparemment exagérée. Ces propos ont été perçus par les étudiantes et les étudiants en situation de handicap comme une insulte au vu des désavantages effectivement subis et des efforts supplémentaires constants qu’ils sont appelés à fournir.

Dans un premier temps, la direction de l’Université a refusé le dialogue avec les étudiants et les organisations du handicap. Mais face aux critiques, elle s’est finalement résolue à organiser une séance d’information publique, destinée à informer sur l’état de l’inclusion et de l’égalité à l’Université de Zurich, et sur les mesures envisagées. La vice-rectrice Gabriele Siegert a par ailleurs accepté de participer à une table ronde et de répondre aux questions de la salle. Lors de cette table ronde, Luana Schena, membre du Comité fédératif, s’est faite la porte-parole de la FSA et du Forum Handicap de Zurich, et a défendu avec détermination la cause des personnes en situation de handicap.

Les étudiantes et étudiants revendiquent une inclusion pleine et entière et disent non «aux pseudo-manifestations».

La séance d’information s’est ouverte sur une note dissonante: lors du discours d’ouverture du recteur, les étudiantes et étudiants présents dans la salle lui ont ostensiblement tourné le dos pour protester contre son refus d’engager un dialogue digne de ce nom. Ils ont notamment critiqué que la lettre ouverte du corps étudiant soit restée sans réponse pendant plus de cinq mois et que les personnes concernées n’aient guère été consultées préalablement à cette séance d’information. Ces critiques s’adressaient explicitement, non pas aux membres de la commission Études et Handicap, mais uniquement aux membres de la direction de l’Université.

Les participants de la table ronde ont tenu des propos similaires lors de la discussion en plénière. Sur le podium: la vice-rectrice de l’Université Gabriele Siegert, Luana Schena, membre du Comité fédératif de la FSA, Benjamin Börner, responsable du service Etudes et Handicap et Laura Galli, représentante de l’Association des étudiants de l’Université (VSUZH). Lors de la discussion, l’auditoire a relevé comme point positif que beaucoup de personnes s’engagent pour les étudiantes et les étudiants en situation de handicap, alors que de nombreux responsables de la direction de l’Université faisaient preuve d’un manque de sensibilité regrettable.

«Design for all» et culture inclusive: une tâche de direction

Les débats de la table ronde portaient avant tout sur les mesures d’ordre architectural et l’accessibilité numérique. Selon la vice-rectrice, l’Université compte améliorer l’accessibilité d’ici 2025. Elle a initié à cette fin le projet «UZH Accessible», un projet toutefois compromis du fait que le bâtiment universitaire fait partie des biens culturels d’importance nationale. Quant à la compensation des désavantages et l’acquisition de logiciels adaptés, les avancées se heurtent régulièrement à l’autonomie des différentes facultés. En réponse à quoi le président de la FSA, Roland Studer, rappelle depuis le public que la Convention des Nations Unies relative aux droits des personnes handicapées (CDPH) l’emporte sur les lois cantonales des universités, et que l’accessibilité n’est pas un critère parmi d’autres, mais un must.

Lors de la discussion en plénière, de nombreuses voix se sont élevées pour dénoncer le fait que la direction de l’Université considère apparemment l’inclusion comme un facteur de coûts pour une minorité, alors que la bonne approche serait celle du «design for all». À l’exemple des podcasts des cours, Luana Schena explique dépendre de ces podcasts en raison de son handicap visuel, mais rappelle qu’il ne s’agit pas seulement d’une compensation du désavantage pour les personnes en situation de handicap, mais également d’un outil indispensable pour l’égalité des étudiantes et étudiants avec enfant à charge.

Les intervenants de la table ronde et de nombreux participants et participantes dans la salle étaient unanimes pour dire qu’une culture inclusive est une tâche de direction. Qu’il s’agisse de sensibiliser les professeurs et le personnel administratif à l’importance et aux conditions d’octroi de la compensation des désavantages ou à la nécessité de commander des logiciels accessibles à tous – il appartient à la direction de poser les bons jalons, sachant que l’inclusion n’est plus à débattre!

 

Source l’image: FSA / Simon Bart